Gevrey-Chambertin

La commune

Gevrey-Chambertin est un village situé en Côte d’Or, sur la route des grands crus, dans la côte de Nuits, à une douzaine de kilomètres au sud de Dijon. Par une ordonnance du 17 octobre 1847, la commune a été la première du département à associer son nom (Gevrey) à celui de son climat le plus prestigieux (Chambertin). Elle compte aujourd’hui 3260 habitants et son territoire couvre une superficie de 24,77 km². Ses altitudes minimale et maximale sont respectivement de 212 m et 510 m. Depuis 2014, elle est administrée par M. Bernard Moyne.

Son nom

Gevrey-Chambertin tire la première partie de son nom d’un vocable d’homme, gabrios, qui signifie l’homme bouc ou l’homme à bouc, d’où le terme gabriacus que l’on retrouve dans le plus vieux document désignant le village en 640. De déformations en déformations, on arrive en 1219 à l’appellation « Gevrey ». Quant au mot « Chambertin » il vient de Campus Bertini qui représente la propriété rurale d’un certain Bertin d’origine burgonde ou franque.

Les habitants de Gevrey-Chambertin sont les Gibriaçoises et Gibriaçois.

Son origine

Son histoire est très ancienne puisque l’on retrouve des traces d’habitations préhistoriques sur l’éperon de Château-Renard entre la Combe Lavaux et la Boissière.

En 640, Amalgaire, duc de Basse Bourgogne et fondateur de l’abbaye de Bèze, fit don à cette communauté de quelques vignes qu’il possédait sur Gevrey. Les moines commencèrent alors le travail de défrichage sur le côteau. De leur propriété nous est parvenu un clos, le « Clos de Bèze ».

En 895, Richard Le Justicier, duc de Bourgogne, fit don à l’abbaye de Saint-Bénigne, de terres sur le fief de Gevrey. Le village de Gevrey naissait peu à peu.

C’est en 1257 que Yves de Poisey, abbé de Cluny, commence la construction du château de Gevrey. Et c’est vers 1275, que fut achevée sa construction pour la protection des habitants par Yves de Chazan (de la famille des Vergy), abbé de Cluny. L’église actuelle date du XIIe siècle. Auparavant un baptistère construit vers 1019 suffisait. Le premier prêtre connu est Ratbert vers 1113. L’église porte le nom de Saint Aignan, évêque d’Orléans et âme de la résistance lors du siège d’Attila en 450.

De l’an 407 (fondation du royaume de Bourgogne) au XVe siècle, soit pendant 1070 ans, Gevrey appartenait au duché de Bourgogne. A la mort de Charles Le Téméraire, en 1477, sa fille Marie de Bourgogne laissa échapper la succession à Louis XI, qui rattacha le duché à la France. Gevrey devient donc française en 1478.

Jusqu’en 1789, de petites anecdotes marquent l’histoire de Gevrey: en 1538, M. Champy, vigneron, fonda une procession annuelle ; en 1540, construction d’un aqueduc détournant les eaux de la place du château au quartier de la « rue basse »; de 1553 à 1558, la peste toucha le village; pendant les guerres de religions (1562-1598), Gevrey était régulièrement pillée et brûlée.

Au début du XVIIIe siècle, la cure où est logé encore aujourd’hui le prêtre desservant la paroisse, fut construite.

Gevrey n’échappera pas aux multiples transformations engendrées par la Révolution Française. Après la nuit du 4 août 1789, de nombreux manuscrits, procès-verbaux… sur l’histoire locale vont malheureusement être brûlés. Fin 1789, un recensement du bourg est effectué et l’on compte 1156 personnes.

En février 1790, les habitants de Gevrey vont procéder, pour la première fois, à l’élection de leur maire et de ses échevins. Simon Fistet fut ainsi le premier maire élu de Gevrey avec 5 échevins et 12 notables, dont l’abbé Petitjean, curé de Gevrey, qui constituaient le premier conseil municipal.

En 1898, la première pierre de l’hôpital de Gevrey-Chambertin fut posée mais, faute de malades, l’établissement a été désaffecté en 1919. Il servit de centre d’accueil pendant la Seconde Guerre mondiale. Par la suite, les services de gendarmerie s’y sont installés jusqu’à la construction de la nouvelle gendarmerie en 2004.

Gevrey-Chambertin compta parmi ses enfants un célèbre écrivain, Gaston Roupnel.

Le village a été construit près de l’église et du château puis il s’est peu à peu étendu vers la plaine. Les maisons vigneronnes se situent entre le vieux bourg et la route nationale (quartier des Baraques). Gevrey-Chambertin a grandi ensuite en direction de la ligne de chemin de fer et accueille différentes entreprises.

L’église de Saint-Aignan

Elle fut construite fin XIIe/début du XIIIe siècle, à la place du baptistère. Les murs, les quatre piliers octogonaux de la nef, les deux piliers de l’entrée du choeur, le portail ouest sont d’époque romane.

Les voûtes datent du XIVe siècle.

Les fenêtres de la nef sont d’origine. Celles des bras du transept et du choeur sont du XVe siècle.

Le clocher quadrangulaire avec sa corniche à écussons est de la même époque que la nef.

A l’intérieur, on peut y voir des boiseries avec les figures du Christ et de la Vierge, des stalles Louis XIV, un autel Louis XV, la grille du sanctuaire datée de 1710 et la cuve baptismale de la fin du XVe siècle. L’église conserve aussi une statue de Saint Jean-Baptiste (début XVIe siècle), une Vierge des fonts baptismaux et un Christ en bois (fin XVIe siècle) ainsi que quelques tableaux. A remarquer également les pierres tombales et diverses inscriptions sur les piliers.

L’église de Gevrey appartenait au chapitre de la cathédrale de Langres jusqu’au XVIe siècle.

Le château de Gevrey-Chambertin

Pour se protéger des nombreuses irruptions de bandits, le château fut construit. Il était constitué de tours carrées sans fenêtre, seulement des meurtrières dans les salles de guet. Les murailles sommées d’un chemin de ronde étaient cernées d’un fossé rempli d’eau. Il n’y avait pas d’escalier, seulement une échelle qui était retirée à l’arrivée des bandits. Les villageois prévenus par la cloche du donjon se rassemblaient dans le château.

Au XIIIe siècle, les moines de Cluny arrivent à la forteresse et la transforment. Dans la grande salle, de larges fenêtres remplacèrent les petites ouvertures et une galerie fut construite à la place des créneaux primitifs. C’est entre 1576 et 1578 que commencèrent les premières destructions.

A l’angle sud-est, la plus forte tour, de plan carré et ornée d’une corniche à écusson, est restée intacte ; elle abrite au dernier étage une salle de guet avec cinq fenêtres. A l’étage en dessous, on trouve une salle percée de meurtrières; elle communiquait avec le chemin de ronde et servit de prison au XVIe siècle, tout comme la cave.

A l’angle sud-ouest, s’élèvent la double porte d’entrée, qui comportait un double pont-levis et un double-fossé, et une des deux tours carrées qui la flanquaient. Au delà de la porte, on découvre trois salles aux larges fenêtres donnant sur la cour. On trouve les logis au dessus des salles.

Les bâtiments, bâtis sur les caves, avaient été modifiés au XVe siècle: ouvertures de fenêtres, création d’une tourelle d’escalier, établissement sur la courtine sud d’une galerie sur piliers de bois.

Propriété privée, le château est devenu Monument Historique en 1993.

Le Clos du Chapitre

Le Clos du Chapitre se situe dans le quartier d’en haut de Gevrey; il est adossé aux vignes qui se dirigent vers la Combe Lavaux.

Il paraîtrait que Gibriacus, qui a peut-être donné son nom au village, aie eu sa villa sur l’emplacement du Clos du Chapitre. La maison a été détruite lors des invasions barbares.

Il doit son nom au fait que les moines de l’abbaye de Bèze avaient vendu leurs terres aux chanoines du chapitre de Langres.

En 1444, le clos était composé d’une grange pour loger les dîmes, d’une petite maison sur cave (cave de Saint-Mammès), d’une maison pour loger un fermier, et d’un autre bâtiment avec deux pressoirs.

Avec la confiscation des domaines de l’Eglise par l’Etat, les biens du Chapitre furent dispersés et acquis par différentes personnes. La maison du Chapitre a été agrandie, le jardin est devenu parc, la terrasse est restée comme autrefois. Le cellier des Dîmes est aujourd’hui une propriété privée.

Le tacot

A la fin du XIXe siècle, un projet de tramway est né pour relier Dijon à Beaune.

Le tracé passant par les Hautes-Côtes permettrait de développer une région isolée à l’époque et éviterait de passer dans le vignoble entre Gevrey et Beaune.

Dès 1908, le tramway électrique fonctionne entre Dijon et Gevrey. Le tacot, lui, était à vapeur.

Pour le second tronçon, des travaux sont nécessaires: tunnel et pont de la Combe Grisard, en particulier entre Gevrey et Morey-Saint-Denis. Ils ont été plusieurs fois interrompus en raison de la guerre.

Il faut attendre 1921 pour que le chemin de fer atteigne Chamboeuf, Semezanges, Ternant, l’Etang Vergy, Messanges et Beaune.

En 1933, le train s’arrête; seule la liaison Dijon-Gevrey par tramway électrique est maintenue jusqu’en 1953.

La Combe Lavaux

Gevrey est situé au débouché de la très pittoresque Combe Lavaux.

La combe comporte de nombreuses corniches rocheuses; elle est très boisée en plus des genévriers et buis, et entrecoupée de friches rocheuses.

Par temps clair, du haut de la combe, on peut apercevoir le Mont Blanc et quelques pics alpestres. La combe est le départ de nombreuses randonnées (plusieurs sentiers proposés). Les falaises permettent de pratiquer l’escalade. Suivant l’itinéraire choisi, on peut découvrir la grotte de Judry, l’Aiguillon de Chamboeuf, la Roche qui pleure, le camp de Château-Renard, le camp de la Combe Grisard. Les plus sportifs peuvent emprunter le célèbre parcours Batier qui part de Dijon et va jusqu’à Nuits-Saint-Georges.

En décembre 2004, la Combe Lavaux, d’une superficie de 487 ha dont une partie se situe sur la commune de Brochon, a été classée réserve naturelle nationale sous le nom Combe Lavaux-Jean Roland, en hommage au naturaliste dijonnais qui fut de 1992 à 2004 directeur de l’association fédératrice des réserves naturelles de France.

C’est la quatrième en Bourgogne et la première en Côte d’Or.

Ce paradis des botanistes compte une multitude d’espèces montagnardes et espèces méditerranéennes, comme la très rare Véronique en épi sur le marais du plateau de la combe ou le Scorzonère d’Autriche que l’on trouve seulement à cet endroit en Bourgogne sur les secteurs secs, la Biscutelle de Dijon, des pelouses calcaires, hêtre d’ubac, tillaie de ravin, chênaie pubescente.

Il abrite aussi une faune rare et discrète comme le chat sauvage ainsi que de nombreuses espèces de reptiles (lézard vert, couleuvre verte ou jaune, vipère aspic) appréciant les milieux secs. Le faucon pèlerin est également un visiteur fréquent des falaises.

Ses grands vins

Gevrey-Chambertin est le plus vaste vignoble de la Côte de Nuits. Son nom est mondialement connu.

La Côte de Nuits constitue une bande étroite longue de 21 km et large par endroit de 200 à 300 mètres. Son altitude varie de 230/260 m au sud à 270/300 aux abords de Dijon, sur des pentes souvent escarpées (jusqu’à 25 %).

Elle couvre 2500 hectares, répartis sur 16 communes. Sur quelques kilomètres se succèdent les villages de Marsannay, Fixin, Gevrey-Chambertin, Morey-Saint-Denis, Chambolle-Musigny, Vougeot, Vosne-Romanée, Nuits-Saint-Georges, autant de noms devenus célèbres grâce à la qualité de leurs crus prestigieux. C’est en Côte de Nuits que l’on trouve tous les grands crus rouges de Bourgogne (à l’exception du Corton, situé en Côte de Beaune). 15 millions de bouteilles sont produites, essentiellement du vin rouge (92 % de la production).

La zone d’appellation d’origine contrôlée « Bourgogne Hautes Côtes de Nuits » s’étend sur une vingtaine de communes situées parallèlement à la Côte, à une altitude moyenne de 300 à 400 m. L’alignement des villages est interrompu par des petites vallées latérales, les combes, où les vignes sont orientées est-sud.

Les premiers crus de la Côte de Nuits sont situés sur les côteaux. En règle générale, les grands crus sont exposés à l’est et situé à mi-côteau, sur une pente relativement douce et des sols pauvres. Les AOC communales se trouvent sous les grands crus, dans les parties plus plates, sur sols plus profonds. Certains premiers crus se trouvent plus haut en altitude que les grands crus et d’autres sont dispersés dans les appellations villages et les grands crus selon la composition du sol. De part et d’autre de la route nationale se trouvent les AOC régionales.

Le vignoble est installé sur les calcaires du Jurassique moyen. Les pentes sont vives dans la partie supérieure, plus modérées dans le tiers inférieur du versant où les terres rouges arrachées aux plateaux se mêlent à des éboulis calcaires. Les sols sont pierreux.

La Côte de Nuits est le terroir de prédilection du pinot noir, cépage rouge traditionnel de la Bourgogne. On trouve néanmoins, en de rares endroits, le cépage chardonnay en blanc. Les autres cépages, gamay pour le rouge et aligoté pour le blanc, sont cultivés de façon marginale. La situation géographique de la Côte de Nuits est septentrionale.

Sur ses quelques 600 ha d’encépagement, Gevrey-Chambertin compte environ 310 ha d’appellation village, 75 ha en premiers crus et près de 90 ha en grands crus; 100 % pinot noir, sur une douce pente exposée à l’est.

C’est à Gevrey-Chambertin que commencent les grand crus de la côte bourguignonne. Le village est le plus titré en grands crus : 9 sur les 24 que compte la Côte de Nuits (soit 9 sur les 33 recensés en Bourgogne). Les deux plus célèbres sont le Chambertin (12.9 ha) et le Clos de Bèze (15.40 ha). Le Chambertin était le vin préféré de Napoléon Ier. Les autres grands crus sont: Chapelle-Chambertin (5.5 ha), Charmes-Chambertin et Mazoyères-Chambertin (30.8 ha), Mazis-Chambertin (9.1 ha), Griotte-Chambertin (2.7 ha), Latricières-Chambertin (7.3 ha), Ruchottes-Chambertin (3.3 ha).

Gevrey bénéficie également de nombreux climats en appellation Gevrey-Chambertin premier cru et appellation communale Gevrey-Chambertin.

Les premiers crus (26 climats) bordent les grands crus et atteignent des niveaux qualitatifs très proches: Clos-prieur, Fonteny, Champonnet, Aux Combottes, Petite-Chapelle, Clos Saint Jacques, Lavaut Saint Jacques, Les Cazetiers, Petits-Cazetiers, Combes aux moines, Champeaux, Clos des Varoilles, Clos du Chapitre, Etournelles, Poissenot, Les Goulots, Issarts, Les Corbeaux, Les Gemeaux, Cherbaudes, La Perrière, Au Closeau, Craipillot, Ergot, Bel air, La romanée, Les Verroilles.

L’appellation Gevrey-Chambertin village s’étend sur les communes de Gevrey (310 ha) et Brochon (51 ha).

Les vins de Gevrey-Chambertin sont des vins de longue garde (10 à 20 ans et plus pour les exceptions) très colorés, puissants, aux arômes et saveurs intenses évoquant entre autre cassis, cerise, musc, réglisse…

La puissance des vins de Gervrey-Chambertin s’associe avec une cuisine corsée et élaborée: viande rouge grillée, gigot de mouton, boeuf bourguignon, civet de lapin, coq au vin, coq au Chambertin, fromages puissants, époisses, etc. (cuisine bourguignonne)

Sources

  • Regard sur le canton de Gevrey Chambertin, brochure du conseil général,
  • Gevrey-Chambertin, par office de tourisme et syndicat viticole, 1991,
  • Les vins de Bourgogne, éditions Artoria, 1999,
  • Le vin, André Dominé, éditions place des victoires, 2000.

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